Le 20 août dernier, le Président du Conseil Militaire de la Transition, Général Mahamat Idriss Deby a donné le coup d'envoi des travaux du Dialogue National Inclusif et Souverain. C'est la deuxième grande messe nationale que le Palais du 15 janvier a accueilli après la Conférence Nationale Souveraine de 1993.

Pendant 46 jours, du 20 août au 5 octobre, près de 1500 participants ont échangé sur l'avenir de plus des 17 millions de tchadiens qui ont perdu tout espoir que la notion de la paix pourrait être une réalité au pays de Toumaï dont l'histoire est marquée par des incessantes guerres fratricides, des injustices et inégalités sociales, notamment. 

L'organisation de ce Dialogue National Inclusif et Souverain, était pour certains un signe d'espoir permettant aux tchadiens de jetter des nouvelles bases pour une refondation d'un Tchad de justice, d'égalité, de liberté et de démocratie.

Mais d'autres mouvements comme Le FACT, Les Transformateurs, Wakit-Tama et plusieurs autres leaders de la société n'ont pas accepté de participer à ce Dialogue National Inclusif et Souverain, qui, selon eux, n'a aucune sincérité et ont estimé que tout était élaboré d'avance pour perpétuer l'ancien régime et surtout permettre au Président de la transition de s'éterniser. 

Malgré plusieurs négociations, ces derniers sont restés catégoriques sur leur position dont la première condition c'est l'inéligibilité du Président de la Transition, en évoquant l'argument selon lequel on ne peut pas être juge et partie en même temps.

Entre contestations, suspensions de participation et mécontentements, les travaux se sont poursuivis. Toutes les questions qui ont miné le développement du Tchad ont été débattues parmi lesquelles, la question de l'injustice, du chômage des jeunes, de l'électricité et l'eau, du détournement des deniers public et bien d'autres maux qui gangrènent le Tchad.

Des pertinentes résolutions ont été adoptées, des beaux textes élaborés et d'ailleurs c'est une spécialité tchadienne. Mais qu'en est-il de l'application ? Une interrogation légitime qui revient sur toutes les lèvres. Et beaucoup de tchadiens restent sceptiques quant à la matérialisation de ces résolutions et recommandations dont la pertinence saute à l'œil. On se rappelle qu'en 1993, la CNS avait accouché des résolutions plus pertinentes mais moins d'un tiers appliqué. On comprend aisément le scepticisme des uns et des autres. 

Quoi qu'on dise, un Dialogue National dit Inclusif et Souverain doit répondre à toutes les exigences pouvant emmener toutes les filles et tous les fils du pays à la table de discussions pour d'abord une réconciliation nationale et sincère, ensuite le Dialogue.

Des abonnés absents, des participants quelque fois frustrés, des débats gérés avec une fermeté qui frise la dictature, des questions hors contextes, des empoignades digne de foire et une majorité qui s'est imposée ont fait partie du décor de ce DNIS qui restera comme moins intéressant en terme de qualité mais comme celui qui a su regrouper toutes les couches socio-professionnelles du pays. 

Il reste maintenant de mettre en musique les résolutions et recommandations, le vin etant tiré. 

Ce qui est sûr, les conclusions de ces retrouvailles donnent à tout le monde l'opportunité de competir pour les échéances électorale y compris les membres du CMT. Le Président du Conseil Militaire de Transition, le Général Mahamat Idriss Deby Itno n'a pas encore officiellement annoncé qu'il va se présenter même si on lui prête des intentions. 

Succès Masra, le leader des Transformateurs disait sur RFI qu'il n'a pas peur de l'affronter si toutes les conditions d'une élection transparente seront réunies. Il se positionne déjà et on remarquera qu'il a mis un peu de la souplesse. Il prévoit de garde-fous et ne veut plus voir le fait que des dirigeants africains organisent juste des élections pour ensuite s'éterniser. 

Le DNIS est certainement une belle expérience comme la CNS de 1993. 

Les Tchadiens se souviennent encore de la Constitution de 1996 qui est sans nul doute la meilleure et qui devrait résoudre tous les problèmes du Tchad. Mais les problèmes n'ont jamais été résolus. Le Tchad est resté ce terreau fertile des mic-macs politiques et des conflits meurtriers. Les Tchadiens ont-ils pris conscience ? Vont-ils refondre réellement le Tchad ? Tout oublier et ensemble bâtiront-ils leur pays ? 

Le démon de division, de la guerre sera-t-il chassé de nos habitudes ? 

La justice sociale, l'égalité de chance seront-elles une réalité ? 

Le DNIS serait-il le dernier forum pour parler de nos problèmes, de nos tares ? 

La main au cœur, juste disons: wait and See.

Ahmat Adoum Moussa