Lettre ouverte au Président de Transition 

    Au Général d'Armée,

   Président de Transition

Président de la République, Chef de l'Etat

Objet: le système de santé tchadien et ses écueils.

Qu'il n'échoie l'honneur et l'agréable opportunité de venir auprès de votre très haute autorité pour attirer votre auguste attention sur notre système de santé qui engloutit plusieurs milliards de nos ressources mais qui ne concourt pas totalement aux soins de base attendus par la population. En effet, depuis le feu Maréchal et depuis le début de la transition, le système sanitaire tchadien a été gavé de plusieurs milliards en provenance du trésor tchadien et des ressources des partenaires financiers mais le système reste stagnant et demeure à la base du très médiocre Indice du Développement Humain (IDH) concocté chaque année par le PNUD, IDH dont la fabrique relève de l'alchimie et du mystère de cet organe des Nations Unis qu'est justement le PNUD dont on connait la prééminence solitaire quand il s'agit de classer notre pays, sans consulter ou se fier aux données générées par les institutions nationales dont l'INSEED.

Excellence Monsieur le Président de la Transition, mon objectif n'est ni de dénoncer ni de lorgner la position ou le poste d'un ou de plusieurs individus mais de vous faire braquer la lanterne vers ce qui ne marche dans notre système de santé dont le fonctionnement est à la base de plusieurs dangers qui nous guettent tous et guettent la population. 

Pour preuve, il y a juste un mois, j'ai failli mourir à l'hôpital de la Renaissance de saignements iatrogène (mourir d'un acte causé lors des soins) à cause d'une errance ayant entraîné une thrombolyse par Actilyse en bolus et en continu alors que la piste des soins est totalement fausse. Il a été découvert en France, après moultes investigations, que la thérapeutique préventive de thrombolyse faite à l'Hôpital de la Renaissance en mon endroit, aurait dû me faire des graves et mortelles complications de saignement alors que mon cœur souffrait d'une autre pathologie qui ressemble à fort méprendre à un infarctus du Myocarde (IDM) dont je ne souffrais pas mais pour laquelle les jeunes médecins se sont acharnés à me l'imputer, sans autre forme de diagnostic différentiel. Je m'en sortis miraculé et Dieu en soit loué.

Au moment où je vous écrit, Monsieur le Président de la Transition, plusieurs tchadiens errent entre les hôpitaux, cherchent soucieusement des soins et quotidiennement traumatisés et arnaqués par un système de santé incompétent et de surcroît entourés des non-dits. 

L'on voudrait toujours me demander quelle fut ma contribution lorsque j'étais la seconde personnalité du Ministère de la Santé il y a quelques mois. Pourtant il ne me revient pas, sinon il m'est impossible, de changer en quelques mois un système de santé corrodé et érodé depuis plusieurs décennies contre lequel j'avais donné le meilleur de moi-même. 

Monsieur le Président de la Transition, notre peuple souffre le martyre à cause de ce système défaillant mais qui évolue dans une totale prestidigitation qui cache les incapacités notoires et les effrayantes et effarantes pratiques médicales qui causent à la population des dommages regrettables mais évitables par ailleurs. Tous les tchadiens à tous les niveaux de leurs responsabilités sont interpelés par la dégringolade affligeante de notre système de santé.

Au moment où je vous écrit, Monsieur le Président de la Transition, le service de dialyse du CHU- RN (ex-HGRN) n'ont pas des moyens de fonctionnement et les quinze (15) machines dite « Égyptiennes » ne sont pas installées faute d'un technicien. Plusieurs malades sont passés de vie à trépas dans une totale omerta qui exige silence et soumission à un destin de fatalisme si rondement entretenu. Un régulier homicide involontaire serait le terme idoine quand on voit périr des tchadiens, faute des moyens dans une unité de dialyse et dans un silence coupable et culpabilisant. 

En ce moment l'ancien scanner de 16 barrettes du CHU-R est en panne. Celui de 62 barrettes nouvellement acquis est installé mais non réceptionné alors que nos proches hospitalisés souffrent anxieusement l'attente et la procrastination de la part du même hôpital. Ma propre mère adoptive y est hospitalisée et a besoin d'un scanner qui fut fait ailleurs avec toutes les gymnastiques. Et alors je couve la révolte sinon la déception totale venant de ce joyau hospitalier dont la fondation par le feu Maréchal vise l'excellence des soins en toute période et la prévention des évacuations. Aujourd'hui le CHU-R est assailli par des affectations pléthoriques et népotiques de médecins et infirmiers dont les uns sont d'une inutilité notoire. 

En ces années où notre IDH place le Tchad au ban des nations, certains partenaires techniques et financiers endorment notre beau pays par le folklore des forums, des ateliers, de recrutements des consultants et des visites de terrains en grande pompe tout en contribuant insidieusement dans la déperdition des ressources et dans la défenses des intérêts individuels et cupides. 

Une évaluation et notation de tous les partenaires intervenant dans la santé au Tchad s'impose et c'est une impérative pour l'amélioration de ce système sanitaire trahi, écorché vif et vendu aux plus concupiscents. 

Monsieur le Président de la Trabsition, je vous exhorte à utiliser vos services spéciaux pour faire vos propres investigations quant à la qualité de soins , à l'hygiène des milieux et à la gestion de nos grands hôpitaux qui sont devenus malheureusement des mouroirs à ciel ouvert, faute de contrôles et de l'exigence des normes et protocoles de prise en charge.

Le gardien mondial de la Santé, l'OMS, par sa représentation actuelle au Tchad, ne contribue pas au progrès de la santé dans notre pays. Pour preuve, l'actuel représentant de l'OMS avait donné des médicaments antipaludiques et des tests de diagnostics périmés au pays en 2019 et une enquête de l'IGE à laquelle j'ai participé a été vite étouffée car non publiée ni appliquée. Depuis lors nous assistons toujours à un folklore d'actions médiatisées rondement menées par un représentant affabulateur et manipulateur qui cherche souvent à déchoir et à détruire ceux qui, comme ma modeste personne, exigent la clarté et la probité morale dans les actions. 

Monsieur le Président de la Transition, tout en espérant une exploitation judicieuse de cette lettre, je vous prie tout juste de faire votre propre éclairage sur la situation scabreuse de notre système de santé, tout en vous invitant de descendre inopinément dans les structures de santé afin d'écouter les souffrances sanitaire de votre peuple.

Pour finir, j'aimerai partager avec vous la réussite de l'agissante diplomatie qui fit du Tchad le seul pays en transition à être invité aux assises USA-États africains. Et justement plusieurs projets de coopérations sanitaires avec des universités américaines dont celles de l'Universite de Yale ou de Harvard devaient s'implémenter au Tchad mais la volonté du côté tchadien est timide. 

 Excellence Monsieur le Président de transition, je vous souhaite la meilleure des visions pour un Tchad de sécurité, de progrès et de développement sanitaire qui conditionne le développement humain et économique.

    Dr Djiddi Ali Sougoudi

     Médecin infectiologue