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Ukraine
« Les retombées de la guerre en Ukraine sont en train d'impacter l'alimentation, l'énergie et les finances dans le monde entier, s'ajoutant aux crises cumulées du climat, des agressions contre nos systèmes naturels et de la longue pandémie de Covid-19 », a expliqué Amina J Mohammed, s'appuyant sur le Rapport « Combler le fossé financier ».
La numéro deux de l'ONU a souligné que « sans action immédiate » le délai de mise en œuvre de l'Agenda risquait de se refermer.
« Pourtant, au lieu d'agir, nous voyons une fois de plus les pays les moins responsables d'une crise payer le prix fort », a déploré Mme Mohammed.
Le choc de la pandémie a plongé 77 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté en 2021, et à la fin de l'année, de nombreuses économies étaient toujours en dessous des niveaux d'avant 2019, signale le Rapport produit par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), en collaboration avec plus de 60 agences et institutions financières internationales.
« Les habitants des économies les plus pauvres du monde supportent de plus en plus le poids des pertes économiques liées au climat » et « 1,7 milliard de personnes sont exposées à la hausse des prix des aliments, de l'énergie et des engrais en raison de la guerre en Ukraine », a précisé la haute responsable onusienne.
Un système financier mondial qui favorise les riches et punit les pauvres
Face à la prolifération des menaces mondiales et afin veiller à ce que les pays en développement ne soient pas laissés pour compte, le Secrétaire général a mobilisé un groupe de réponse à la crise mondiale chargé de s'attaquer aux retombées sur l'alimentation, l'énergie et les finances.
Le groupe de crise s'attaquera également à un facteur clé des crises en cascade qui se produisent actuellement : un système financier mondial qui favorise les riches et punit les pauvres, a fait valoir Mme Mohammed.
Pendant la pandémie de Covid-19, alors que les pays développés ont pu emprunter à des taux d'intérêt ultra-bas pour soutenir leurs économies, les pays en développement se sont retrouvés confrontés à la fois à une marge de manœuvre budgétaire réduite et à des coûts d'emprunt prohibitifs sur les marchés.
En effet, le Rapport indique qu'en moyenne, les pays en développement les plus pauvres consacrent 14% de leurs revenus aux intérêts de leur dette, soit près de quatre fois plus que les pays développés, qui n'en consacrent que 3,5%.
« En conséquence, nombre d'entre eux ont été contraints de réduire les dépenses dans des domaines essentiels pour les ODD, tels que la protection sociale, les systèmes de santé et d'éducation et les emplois décents, tous nécessaires pour mettre fin à la pandémie, accroître la résistance aux chocs futurs et jeter les bases de la prospérité, », a-t-elle développé.
« Cela crée un héritage d'inégalités qui ne fera que miner la capacité des pays à survivre aux crises futures, tout en semant les graines d'un plus grand mécontentement », a mis en garde la haute fonctionnaire onusienne.
La voie à suivre
Malgré les mesures importantes prises par la communauté internationale pour atténuer les retombées socio-économiques de la pandémie, notamment en fournissant un financement d'urgence à grande échelle et en créant des instruments d'allégement de la dette, « il faut aller plus loin » pour combler le déficit de redressement, faire face aux risques de surendettement et assurer un avenir meilleur à nos enfants et à nous-mêmes, a soutenu la numéro deux de l'ONU.
Selon elle, les recommandations formulées dans le nouveau rapport publié mardi indiquent la voie à suivre. Elles s'articulent autour de trois domaines.
Tout d'abord, la communauté internationale doit s'attaquer de toute urgence aux écarts de financement et aux risques croissants liés à la dette.
« Ce serait une tragédie » si les donateurs augmentaient leurs dépenses militaires au détriment de l'aide publique au développement et de l'action climatique ; et si les pays en développement continuaient à faire défaut, au détriment des investissements dans les services sociaux et la résilience climatique, a signalé Mme Mohammed.
Deuxièmement, les décideurs politiques doivent s'assurer que les financements sont alignés sur les Objectifs de développement durable et que l'action climatique y compris les budgets publics, les systèmes fiscaux, les cadres réglementaires et les obligations d'informer des entreprises », a-t-elle indiqué.
Les risques liés au climat doivent également être intégrés dans les contrats de dette et les cadres financiers.
Troisièmement, nous devons améliorer les écosystèmes d'information. Cela aidera non seulement les responsables politiques à améliorer la planification, à mieux gérer les risques et à lutter contre les flux financiers illicites, mais aussi les marchés à mieux évaluer les risques souverains, notamment l'impact des notations de crédit.
De manière générale, nous devons également prendre des mesures pour améliorer notre système financier mondial afin de garantir qu'il réduise les inégalités tout en augmentant la résilience. En l'état actuel des choses, les États membres qui détiennent le pouvoir du système financier mondial semblent aller dans la direction opposée, a-t-elle souligné.
Il n'est pas trop tard
Mme Mohammed a signalé qu'avec le G20, les institutions financières internationales et d'autres parties prenantes clés, énoncées dans le rapport du Secrétaire général intitulé Notre programme commun, le Sommet biennal des États membres de l'ONU proposé par le chef de l'ONU visera à changer cette orientation.
« Le Secrétaire général est fermement résolu à contribuer à galvaniser l'action collective nécessaire pour que les pays se relèvent mieux et s'efforcent de construire un avenir plus sain, plus pacifique et plus durable qui ne laisse personne de côté », a conclu Mme Mohammed.
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