Infos235 : Bonjour ! entant que Président du parti les réformistes et membre de la Coalition Wakit tama quelle est votre réaction face aux différents événements douloureux survenus à Abéché dans la province du Ouaddaï et de Sandana dans la province Mandoul ?

Yacine Abderrahmane S : C'est une question très importante. C'est malheureux pour un pays qui parle de droit. C'est malheureux pour un pays qui a un ministère qui s'appelle ministère de justice et des droits de l'homme. C'est vraiment regrettable, ce qui s'est passé à Abéché, à Faya, à Sandanan. Cela prouve clairement qu'on a un gouvernement qui n'assume pas sa responsabilité. C'est l'injustice qui est la cause de tout ce qui se passe dans notre pays la cause. Aujourd'hui, les gens au lieu de tenir compte des réalités du pays. Ils passent tout leur temps à diviser les tchadiens. Ils jouent sur le clivage nord sud, chrétiens musulmans pour diviser plus tchadiens. Nous demandons au gouvernement de transition de prendre sa responsabilité. Au lieu de mettre l'accent sur l'essentiel c'est à dire éducation, santé, infrastructures, réconciliation etc. Le gouvernement passe tout son temps à diviser pour mieux régner. C'est regrettable ! Deby fils doit comprendre très bien que l'époque de son père est différente. Aujourd'hui, il doit tout faire pour être sincère avec lui-même d'abord, il doit poser une question simple. Il est présentement au pouvoir. Il est entrain de gérer la transition. Qu'est-ce qu'il doit faire pour laisser palpable aux tchadiens ? C'est ça la question centrale qu'il doit se poser. Raison pour laquelle, il doit organiser un dialogue sincère pour que les tchadiens puissent se parler. Je parle de dialogue sincère, mais pas le congrès du MPS comme le premier forum et deuxième forum et choisir leurs siens. 

Alors, pour mettre fin à l'injustice, on doit tout reprendre. Aujourd'hui, quand vous voyez les nominations c'est étrange. Ça veut dire que c'est une petite minorité qui dirige. Pourtant, le Tchad appartient à tous les tchadiens. Et donc, tous les tchadiens ont les mêmes droits et devoirs de participer au développement de leur pays. 

Infos235 : Le dialogue national inclusif est prévu pour le 10 mai prochain, est ce que votre formation politique prendra à cette messe ? 

Yacine Abderrahmane S : Notre formation politique, le parti Réformistes est membre fondateur de Wakit tama. En dehors, de ça on était très clair. Tout ce que nous voulons, c'est la sincérité et l'inclusivité dans l'organisation de ce dialogue. Nous avons posé quelques conditions pour notre participation. Il faudrait que le premier responsable de la transition et ceux gèrent la transition organisent les élections dans toute la transparence et partir. Mais, le schéma qui se dessine Mahamat Idriss Deby veut faire tout pour rester au pouvoir. Or, son rôle est d'organiser les élections et partir. Les préoccupations du Parti Réformistes sont aussi les préoccupations de Wakit tama. S'il y a la sincérité, l'inclusivité nous sommes partants. Puisse qu'on ne peut pas être juge et partie en même temps.

Infos235 : Le Président du conseil militaire de transition a rassuré ce dialogue réunira tous les fils et toutes filles. Quelle analyse faites-vous ?

Yacine Abderrahmane S : Il parle. Pour nous, c'est ne pas les paroles qui comptent, mais plutôt l'acte qui compte plus. Pour le moment, ce qu'il est entrain de faire, il voulait coûte que coûte rester. Prenons par exemple, la liste des politico-militaires qu'il a grossi. Non, il doit tenir compte des réalités. Même, quand vous voyez la composition du comité qui entrain d'organiser ce dialogue c'est des manigances.  Si le président de transition, aime son il doit juste organiser les élections et quitter. Comme ça, les tchadiens vont le respecter. Il sera notre champion.

Mais, pas chercher à manipuler les uns et les autres. Son père a fait 30 ans. Il veut rester aussi 30 ans. Non quand même !

Infos235 : Que pensez-vous de la marche pacifique organisée par les avocats, les huissiers et les notaires pour exiger la justice ?

Yacine Abderrahmane S : Cela prouve clairement, qu'on a un problème réel du fonctionnement de l'appareil judiciaire dans notre pays. Finalement, quelle est l'utilité de la justice et de droit de l'homme actuellement ? C'est la question que le parti Réformistes se pose. Puisse qu'il y a des gens qui font de n'importe quoi, mais personne ne peut les juger. Par contre, il y a ceux qui commettent une petite erreur, sont condamnés. C'est là qu'on parle de « deux poids deux mesures ». 

La justice dans notre pays n'est pas indépendante. C'est juste un instrument de règlement de compte. Sans une justice impartiale et indépendante, l'Etat tchadien ne pourra jamais s'en sortir. Il faut que les gens en parlent.

Infos235 : Qu'en dites-vous de la répression répétitive des manifestants pacifiques par les forces de l'ordre dont la plus récente, l'archevêque Mgr Edmond Djitangar a été victime de cette répression ?

Yacine Abderrahmane S : (Rire) comme le pouvoir est dictatorial. Moi, entant qu'acteur politique, j'étais également victime de cette répression. Aujourd'hui, les policiers confondent tous. D'abord, c'est quoi une marche pacifique ? Une marche pacifique veut dire que la personne veut juste exprimer son ras le bol. Le pouvoir c'est Dieu qui donne à qui il veut. Les hommes de Dieu, on doit les respecter. Avant de les gazer, ils doivent s'interroger pour quoi ces derniers marchent. ? Qu'est ce qu'ils veulent ? Pourquoi, ils sont sortis ?

Le premier responsable n'assume pas bien sa responsabilité. Il doit dire aux tchadiens que nous sommes tous tchadiens et égaux devant la loi de la République s'il aime son pays. Si on continue comme ça, même, l'unité de notre pays est menacée. Aujourd'hui, on parle clairement de la division du Tchad. Il s'appuie sur le clivage nord sud pour conserver son pouvoir.  

Infos235 : Vous étiez victime de la bavure policière dont vous revendiquez jusqu'à présent la justice. Croyez-vous vraiment à la justice du moment où même les professionnels de justice réclament justice ?

Yacine Abderrahmane S : Non, non, je ne crois même pas à la justice tchadienne. Il y a des tchadiens qui sont au-dessus la loi suprême de notre pays. Sinon, comment comprendre que quelqu'un qui a torturé un chef de parti politique est protégé par les plus hautes autorités. Le commissaire central qui m'a torturé personnellement. Il est protégé par qui ? 

On avait animé plusieurs conférences de presse ici pour dire qu'il faut remettre Monsieur Hachim Haroun Deby, le commissaire central à la justice par ce que c'est lui qui m'a torturé le président du parti Réformistes. Puisque, le Directeur de la police est au courant, le Ministre de la justice est courant, le Procureur est au courant, même le Président du Conseil Militaire de Transition est courant.

Il est présentement Commissaire central. Il est protégé par l'État tchadien. C'est impensable !

Dans les jours qui viennent, nous allons organiser une conférence de presse pour dire que, si vous ne laissez la justice faire son travail, il sera préférable de supprimer le ministre de la justice.

C'est qui est arrivé à Yacine Abderrahmane Sakine est l'affaire de tous. Ça peut arriver à n'importe quel tchadien. On applique la loi sur les tchadiens de 2 et 3 catégorie. Les tchadiens doivent savoir clairement qu'il y a des tchadiens intouchables.

Infos235 : Votre mot de fin ?

Yacine Abderrahmane S : Premièrement, nous sommes tous tchadiens, nous sommes tous égaux devant la loi suprême de la République, nous sommes condamnés à vivre ensemble. Donc, les autorités de la transition doivent faire très attention. Elles doivent parler au tchadiens en toute sincérité, en toute franchise. Quand on dit que nous sommes tous tchadiens, nous sommes tous égaux de la loi ça veut dire le respect doit mutuel. Le traitement doit être responsable sur le plan administratif et politique. Mais, si une petite minorité qui n'atteint pas 5% fait tout et les 95% restent au quartier pour observer. C'est inadmissible ! 

Deuxièmement, je lance un appel à mes camarades de lutte et à tous les intellectuels tchadiens de faire très attention et ne pas tomber dans le piège du gouvernement qui veut diviser pour mieux régner. On doit conjuguer nos efforts pour barrer la route à celui qui voulait rester 30 ans au pouvoir comme son père.

Interview réalisé par Djangbei Franklin et Hassan Abderamane