L'objectif affiché par le gouvernement tchadien lors du Compact du Tchad, dans le cadre du Sommet Africain de l'Énergie est à la fois ambitieux et nécessaire de doter 90 % des Tchadiens, soit 9 personnes sur 10, d'un accès à l'électricité d'ici 2030, soit dans seulement cinq ans.

Le plan présenté conjointement par le ministère de l'Économie et celui de l'Énergie est clair et chiffré. Le Tchad aura besoin d'environ 1,9 milliard de dollars pour atteindre cet objectif. Ce qui est encourageant, c'est que le gouvernement a décidé de mobiliser 65 % de ce financement à travers des fonds publics, démontrant ainsi une volonté politique forte et un engagement budgétaire sans précédent. Les 35 % restants devront être apportés par le secteur privé, avec l'appui d'un cadre réglementaire qui, s'il est effectivement mis en œuvre comme prévu, devrait offrir un environnement propice et attractif aux investisseurs.

Cependant, il est important de souligner deux défis majeurs. Premièrement, les capacités institutionnelles de la Société Nationale d'Électricité (SNE) et des agences publiques du secteur énergétique demeurent faibles. Leur renforcement et une restructuration profonde sont indispensables pour garantir une mise en œuvre efficace des projets envisagés. Il faudra, de manière urgente, moderniser les outils de gestion, investir dans la formation du capital humain et introduire des pratiques de gouvernance alignées sur les standards internationaux. Deuxièmement, les capacités d'endettement de l'État, bien qu'en amélioration, restent vulnérables aux fluctuations des cours du pétrole, ressource principale de l'économie tchadienne. Cette dépendance rend cruciale une diversification économique rapide, afin d'améliorer la résilience du pays face à d'éventuels chocs pétroliers futurs.

Il est essentiel de saluer les efforts et la vision des ministres des Finances et du budget Tahir Hamid Nguilin et le ministre de l'eau et de l'énergie Passalé Kanabe Marcelin.

''Leur projet témoigne d'une réflexion structurée et d'une ambition nécessaire pour transformer le secteur énergétique tchadien. Bien sûr, quand on est tchadien on peut être sceptique face aux défis, vu que notre pays nous a habitué aux déceptions, mais je reste un éternel optimiste. Pour réussir, il nous faut croire en nos capacités collectives et maximiser nos chances. Félicitations donc à toute l'équipe gouvernementale pour cette première étape prometteuse. Maintenant, il s'agit de transformer cette vision en réalité…et nous allons les y accompagner…'' renchérit Amine Idriss haut cadre de l'union africaine.